LEVEE DE LA GREVE A L’USINE DE RUSAL-FRIGUIA : ENFIN LE DENOUEMENT ?

Lancée depuis le 4 avril et suspendue depuis le 26 avril, la grève de l’usine d’alumine de Rusal-Friguia va peut-être connaitre son dénouement. C’est ce qu’on peut affirmer après la rencontre des syndicalistes avec le Président de la République le vendredi et un meeting d’information tenue par le Collège syndical ce lundi matin à l’usine.

D’après le compte-rendu du secrétaire général du Collège syndical, une direction nouvellement venue de Moscou a pris place et a relancé les négociations au point mort depuis le refus de l’ancienne équipe d’engager des discussions avec les travailleurs. Si les travailleurs ont obtenu gain de cause sur ce point, la partie russe estime avoir reçu des garanties suffisantes et surtout la levée de la grève. Malgré un retard dû à l’absence des principaux leaders syndicaux à l’Assemblée générale du BIT à Genève, les négociations ont repris selon un chronogramme précis et la production va reprendre dans quelques jours. Dans la foulée, les salaires d’Avril et de Mai devraient aussi être payés.

Après des semaines de blocage, on semble enfin s’acheminer vers le dénouement de l’épineux problème. Il est d’ores et déjà confirmé que de nouveaux représentants de Rusal sont à Conakry depuis la semaine dernière. C’était un des préalables exigés par le Chef de l’Etat après la discourtoisie des anciens représentants qui avait failli causer un scandale diplomatique. Il faut souligner aussi l’implication personnelle de l’Ambassadeur de la Fédération de Russie. En fin diplomate, il s’est beaucoup investi pour sauver ‘‘des relations d’amitiés vieilles de plus de 50 ans entre la Guinée et la Russie’’.

Avant même la reprise effective de la production, donc du retour à la normalité, une question persiste : pourquoi un tel gâchis surtout quand on va finir par s’asseoir et négocier ? Au regard des lourdes pertes consécutives à plus de deux mois d’arrêt, la somme de plus de 15 millions de dollars, soit plus de deux années de salaire, Rusal semble avoir fini avec la politique de l’autruche et de l’unilatéralisme.

Va-t-on enfin repartir sur de nouvelles bases fondées sur la confiance, le respect et l’intérêt mutuel ?

Oui diront les plus optimistes. Quant aux pessimistes, ils n’ont pas tort de dire que Rusal reste imprévisible et qu’elle ne tire aucune leçon des conflits. Avec un brin un peu british, just wait and see !