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27 jours après la reprise du travail, les travailleurs de Friguia sont en train de se poser des questions sur leur devenir et celui de l’usine. Cédant aux demandes pressantes du Président, ils avaient repris le travail depuis le 26 avril après 24 jours de grève.
Mais depuis cette date, la production n’a pas repris à l’usine et aucun salaire n’a été versé. Soucieux de soulager les travailleurs, le Gouvernement a toutefois versé un montant de deux milliards quatre cent millions de Francs. Soit une prime d’environ 900 000 Fr par agent. Sans distinction de catégorie, d’ancienneté ou d’employeur. EMF et sous-traitant étant considérés au même pied d’égalité que Friguia. La dite somme devrait être versée ce mardi 22 mai 2012.
Mais la question qui brûle toutes les lèvres est de savoir quand va reprendre le travail. Après avoir usé de tous les moyens légaux et illégaux possibles pour obliger les grévistes à reprendre le travail, les russes aujourd’hui se font attendre pour la reprise de la production. Sans communiquer sur leurs intentions, ils sont toujours à Conakry et ne semblent guère pressés de rentrer. Dans un contexte mondial marqué par des crises dans tous les secteurs, la Compagnie Rusal ne manque d’agiter les peurs à son profit. Avec la ferme intention d’amener les grévistes à ne plus aller en grève à l’avenir. Ce qui, de toute évidence, n’a aucune chance de se réaliser tant que les salaires seront misérables et que les conditions sociales et de travail n’évoluent pas de façon satisfaisante.
Autre argument avancé par Rusal pour laisser la situation se dégrader : la non-rentabilité du site de Fria. Ce qui est totalement faux ! Le site de Fria reste l’une des plus rentables du Groupe. Non seulement les chiffres du dernier exercice le prouve, mais au regard de l’enjeu stratégique que représente Fria, il serait suicidaire de laisser pourrir la situation. Bas salaires, absence d’investissements, réduction drastique des factures dues aux sous-traitants alliés à la richesse et à la qualité de la bauxite guinéenne font que le prix de revient reste raisonnable. En somme, Rusal veut réussir le tour de magie de produire de l’alumine sans dépenser. Et ses choix placent aujourd’hui Rusal dans une situation difficile : beaucoup de ses clients préfèrent acheter leur alumine chez d’autres producteurs. Soucieux qu’ils sont de ne pas ternir leur image.
Ce positionnement ambigu a pour conséquence de cristalliser la colère des travailleurs. Pourquoi accepter de perdre l’équivalent de trois années de salaire des travailleurs pendant ces presque deux mois de troubles ? Pourquoi un tel mutisme de la part des autorités guinéennes même si on sait que de tels contentieux ne se règlent pas à la va-vite ? Si Rusal n’a plus l’intention de reprendre ses activités, ne serait-ce pas l’occasion de solder définitivement ce contentieux et retrouver d’autres repreneurs ? Même si les candidats à la reprise seront très peu nombreux.
Une chose reste sûre : quelle que soit l’épilogue de ce conflit, rien ne sera plus comme avant. Les différentes vont devoir gérer les conséquences de ce qui n’était au départ qu’une simple revendication salariale.