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‘‘Ceux qui seront retenus pour les audits seront intégralement payés en fin du mois et les autres percevront une prime d’attente jusqu’au redémarrage de l’usine.’’ C’était la déclaration on ne peut plus claire de la Direction de Rusal au moment du lancement des audits à la mi-mai.
Enthousiastes à l’idée de reprendre enfin le travail, la majorité des travailleurs sentaient la fin proche de leur calvaire qui dure depuis 15 mois. Or, voici plus d’un mois que les audits sont terminés et que personne n’a encore vu la couleur de l’argent. Pire, aucune promesse ne pointe à l’horizon. L’attente prend même des allures de cauchemar à quelques jours du début du Ramadan. Le mois saint au cours duquel on enregistre une hausse vertigineuse du prix des denrées sur le marché s’annonce pénible. Que peut-on faire contre l’augmentation des prix conjugués au manque d’argent ? Rien pour le moment. Sauf tenter à nouveau un sit-in et occuper l’Administration et la paralyser comme ce fut le cas au mois d’Avril. C’est en tout cas l’idée qui germe dans la tête de certains travailleurs prêts à en découdre avec l’Etat qu’ils accusent d’immobilisme voire d’abandon à leur égard.
Quant à l’employeur Rusal, il brille par son silence, voire son arrogance. Les demandes maintes fois répétées par le DGA d’assurer le versement des salaires promis sont restées sans réponses pour l’instant. Bien qu’ayant obtenu la quasi-totalité des conditions posées sur la table des négociations, il rechigne toujours à respecter ses promesses et ses engagements.
Et certains n’hésitent pas à parler de chasse aux sorcières contre le personnel guinéen. Plusieurs personnes mises en cause dans des cas de vols, sont aux arrêts à la Prison Civile. L’un deux, adjoint du Directeur de la Maintenance, a été écroué alors qu’il était hospitalisé et souffrait d’une grave crise de diabète. Le zèle supposé ou réel des enquêteurs lui vaut un séjour direct de la case Hôpital à la case prison. On leur reproche de détenir des groupes électrogènes alors qu’eux affirment les avoir reçu de l’ancien Directeur de la Maintenance. Le témoignage de ce dernier pourrait s’avérer capital en leur faveur. Mais depuis son licenciement et son retour en Russie, il n’est pas certain qu’il puisse être entendu sur les faits. Les citoyens russes n’étant jamais mis en cause dans les cas de malversations dans l’usine. C’est ainsi que la ‘‘perte’’ de 60 millions de dollars sur l’exercice 2011 ne seront jamais élucidés. A moins qu’un guinéen n’y soit mêlé.
Il faut le reconnaitre : Rusal a triomphé dans son bras de fer contre le syndicat et l’Etat qui a accédé à toutes ses exigences. Et pour mieux savourer cette victoire, il rechigne à respecter ses engagements.
Que faire ? Que dire ? Attendre que le cours de l’aluminium retrouve les sommets. Car, si l’un des objectifs était de fermer Fria pour un an afin de faire remonter les cours, la réouverture ne semble pas à l’ordre du jour. Pour l’instant. Le cours a chuté de plus de 400 dollars de Mai à Juillet. Et les analystes ne prévoient guère de remontée avant la fin de l’année.