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De préoccupante, la situation sur le terrain à Fria devient explosive : nous sommes au 5ème jour d’une crise qui s’aggrave de jour en jour et cela ne semble guère intéresser le gouvernement. Plus une seule goutte dans les robinets, ni la moindre goutte d’électricité dans le seul quartier qui restait encore éclairé depuis le 18 janvier : les immeubles et le Plateau. Même la Centrale est plongée dans le noir complet !
Les moindres forages et puits dans les périphéries de la ville commencent à tarir car ils ne sont pas suffisants pour une population de plus de 100 000 âmes. Après trois jours d’intense puisage, on commence à ne remonter que de la boue et donc une eau impropre à la consommation. Que va-t-il se passer si cette perdure ? Nul ne saurait le dire mais un drame de grande ampleur est en train de jouer.
Depuis le début de la crise en effet, la Centrale a tourné un moment avec du fioul. Ce qui a permis de tenir quelques mois. Mais depuis que le gouvernement de Mohamed Saïd FOFANA a décidé de fermer les vannes, le Groupe Energétique ne fonctionne plus qu’avec des groupes diesels conçus pour les cas de secours et non pour une exploitation à plein temps. Plus grave encore, c’est leur état qui pose problème et nécessite des arrêts pour entretien. Bien que Rusal ait demandé au Gouvernement de trouver du mazout en attendant de pouvoir faire les entretiens capitaux, il a fait la sourde oreille. Les quelques bons techniciens qui auraient pu faire quelque chose en attendant, ont trouvé du travail ailleurs et refusent toute idée de venir travailler : ils n’ont pas perçu le moindre centime pendant les 18 mois qu’a duré la crise. Et comme un problème ne vient jamais seul, le groupe diesel de la Station de pompage qui alimente l’usine en eau a aussi lâché.
Autre sujet de préoccupation : la population. Docile jusque-là, elles commencent à faire entendre leur voix. Les élèves des écoles publiques sont sortis massivement ce matin et ont manifesté devant la Résidence du Préfet qui n’a pas voulu les recevoir. Ils se sont ensuite à la Préfecture où ils ont descendu le drapeau national avant d’aller jeter des cailloux sur une école privée pour inciter les élèves de cette école à les rejoindre. Toutes les écoles ont dû fermer malgré la période de composition qui a commencé. Le soir, un calme précaire semblait revenu.
Outré, un habitant rencontré en train de chercher de l’eau confiait : ‘‘On a à faire un gouvernement qui ne pense qu’à ses intérêts. Sur les centaines de milliards jetés pour la campagne, rien n’a été fait pour nous aider à sortir de la crise. Comme si nous n’étions pas guinéens. C’est scandaleux !’’
Le drame est bien le mutisme des autorités qui viennent de subir un sérieux revers électoral.
NB : inutile de vous décrire les conditions dans lesquelles nous avons réalisé ce reportage.