1er site d'information guinéen basé essentiellement sur l'actualité d'une ville : Fria en Guinée depuis 2006
Préfecture
Eaux et forêt
Camion de la gendarmerie
Gendarmerie
Kit de recensement
Police communale
Mairie avant
Mairie après
Tafsir la victime
Fria s’est levé ce jeudi matin avec la gueule de bois et la mine des très mauvais jours. La veille, en effet, a très agitée suite à la mort d’un jeune homme.
El Hadj Tafsir SYLLA dit Netto, (homonyme de feu l’ancien imam de la Mosquée Centrale), aurait été dénoncé comme étant un dealer de chanvre indien. C’est à la suite de ces informations qu’un officier de la Gendarmerie Nationale aurait demandé à quelques policiers communaux de le ramener manu militari. Sans mandat officiel et surtout ne relevant nullement de la Gendarmerie, les policiers communaux ont obtempéré. Sûrement parce que Netto opposait une résistance, les policiers ont fait usage de leurs matraques et l’ont passé à tabac. Il aurait tellement été brutalisé qu’il a dû être transporté d’urgence à l’Hôpital Préfectoral vers 17h. Selon un médecin joint sur place, il est arrivé déjà mort et son corps avait subi de nombreux sévices.
Fria étant une poudrière, la réaction de ses amis ne s’est pas fait attendre. De l’hôpital, une bande de jeunes surexcités s’est dirigée vers les bureaux de la Gendarmerie Nationale qu’ils ont mis à sac avant d’y mettre le feu. Leur expédition punitive ne s’est pas limitée là. Ils ont continué leur sale besogne de l’autre côté de la route. Là, ils s’en sont aussi pris à tous les bureaux de l’administration (Conseil Préfectoral des Organisations de la Société Civile, Eaux et Forêts, CEPI) où tout a pillé en règle puis incendié. Alors qu’on croyait que tout était fini, ils ont continué à la Prison Civile qu’ils ont également mis à sac et libéré tous les prisonniers. Un peu plus tard, ils ont pillé le domicile du conseiller communal Seinkoun KABA. Son tort est d’être le conseiller en charge de la Police Communale. Le bureau du Maire dans le bâtiment principal de la Mairie et la base de cette Police Communale (ex Maison du Peuple) ont subi le même sort.
Les questions que tout le monde se pose depuis hier sont : où sont passées les autorités et les forces de l’ordre au plus fort moment des pillages ? Pourquoi a-t-on laissé les pillards agir de 19h jusque vers 2h du matin sans la moindre réaction ? Une enquête sera-telle ouverte pour déterminer d’éventuelles responsabilités ? Les auteurs de la bavure policière et ceux des pillages seront-ils traduits devant les tribunaux ? Mettra-t-on en place un dispositif de prévention et de réaction contre ce genre de d’actes ? Beaucoup de questions bien sûr mais on ne doute pas qu’il n’y aura presque pas de réponses. Interrogées sur la lenteur dans la prise de décision, les autorités nous ont répondu avoir été dépassées par l’ampleur et la rapidité des évènements.
Ce Jeudi matin, le bilan est très lourd et les pertes matérielles sont inestimables. Toutes les écoles ont libéré les élèves. Deux camions de gendarmes sont arrivés de Boké très tard dans la nuit. Un calme précaire semble revenu mais les vandales ont prévenu : sitôt leur camarade enterré après la prière de 14h, ils reprendront leurs actes.
Les laissera-t-on faire ? La réponse est dans les mains des autorités et des forces de l’ordre.