ESCROQUERIE : UN MILITAIRE TENTE DE RANÇONNER UN BANABANA

On peut appeler ça un joli coup bien préparé pour ses concepteurs mais qui s’est avéré être un fiasco et même une cause d’ennuis.

L’affaire a commencé dans la petite boutique d’un commerçant appelé Diao DIALLO. Le matin du 13 juillet, une femme est venue chez lui faire des achats. Elle est revenue quelques heures plus tard chez lui en disant qu’elle a oublié son téléphone dans la boutique. Diao lui a répondu qu’elle n’y a rien oublié et même demandé de composer son numéro pour vérifier que le téléphone est bien chez lui. Malgré tout, elle est revenue avec son militaire de mari pour exiger que Diao lui rende le téléphone. Malgré son insistance, le petit commerçant lui fera comprendre qu’il n’a retrouvé aucun téléphone chez lui. Fort de son statut de militaire, Bebel SOUMAH va user de son treillis pour lui faire reconnaitre la perte du téléphone.

Diao a toujours continué de nier les faits. Finalement, Bebel lui propose un deal qui va s’avérer être un piège pour lui. Le téléphone coûtant 900 000 Fg, il s’engage à rembourser la moitié de la somme et que Diao paie l’autre moitié. Une sorte d’arrangement à l’amiable que le commerçant va naïvement accepter mais sous réserve. Et c’est là que l’étau va se refermer sur lui. Au jour convenu, le 18 juillet, Bebel est venu chercher l’argent mais Diao lui a répondu qu’il ne peut pas s’engager à payer quelque chose qu’il n’a pas pris.

Avec la complicité d’un inspecteur de police véreux, une plainte lui a été envoyée l’assignant à payer désormais la totalité du montant. Bebel en personne et trois amis militaires sont venus procéder à son arrestation sans même lui donner le temps de fermer sa boutique. Au commissariat de Police, on lui a fait comprendre qu’il doit s’acquitter du versement de la totalité de la somme sinon il va croupir en prison. Sur l’intervention de quelques-uns de ses parents venus plaider sa cause, l’inspecteur de Police a répondu qu’il n’a besoin d’aucune preuve et que les seules accusations de Bebel lui suffisent largement. Ce dernier a même demandé qu’il soit transféré à la Prison Civile pour faire mieux pression sur lui.

Face à cette menace, ses parents finiront par payer cette somme et le faire libérer provisoirement non sans difficulté. Au moment de la libération, l’Inspecteur (encore lui) exige le paiement de 500 000 Fg que tout présumé voleur doit payer selon la (sa) loi guinéenne. Somme que la famille de Diao a catégoriquement refusé de payer. Pire, les agents chargés des cellules réclament aussi 10 000 Fg de frais de violon. Après maintes refus et négociations, il a finalement été libéré le 23 juillet.

Sur les conseils avisés de quelques proches, Diao et sa famille ont d’abord contacté la radio VDF qui a donné la parole aux citoyens qui ont vivement réagi face à ce grave cas  d’escroquerie, d’injustice et de grave atteinte aux libertés. Les plus déterminés menaçaient d’en découdre avec les militaires. Face à ce qu’ils considèrent comme une campagne de diffamation à son égard, Bebel et ses amis sont allés se plaindre à la Justice de Paix de Fria. Malheureusement pour lui, Diao y avait déjà déposé une plainte pour escroquerie.

Seulement depuis ce 26 juillet jusqu’à ce jour 29 Août 2012, Mr Bebel n’a répondu à aucune des quatre convocations adressées par le Juge de Fria. Le Préfet, saisi de l’affaire, a transmis la demande de comparution au Commandant du camp militaire mais toujours rien.

Rançonner un pauvre petit commerçant et refuser de répondre à la convocation de la Justice. Cela peut paraitre anodin pour un simple adjudant de l’armée guinéenne. Mais plus grave quand on sait que ce sont ceux qui sont chargés de nous protéger qui portent le plus gravement atteinte à nos libertés et à notre intégrité.