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Dur, très dur même la vie à Fria pour les travailleurs de l’usine en attente de travail et de salaire depuis bientôt cinq mois. Habitués à toucher leurs salaires au plus tard le 30 du mois, ils se retrouvent du jour au lendemain plongés dans un état de précarité que personne n’avait prédit.
Mais comment vivent-ils ? Ou plutôt comment survivent-ils ? Nous avons essayé de décrire leurs conditions de vie et de survie d’une façon générale car chaque cas reste particulier et difficile à décrire.
Les plus chanceux, sentant le vent tourner, avaient déjà postulé ailleurs. Et dès les premières heures de la crise, ils ont signé un CDD ou un CDI avec un autre employeur plus scrupuleux et plus rémunérateur. On peut dire que ceux-là ont de la chance et ne reviendront peut-être pas lors du redémarrage de l’usine.
Les moins affectés par cette crise sont ceux qui ont un compte confortable en banque qui leur permet de tenir longtemps et ceux qui exercent parallèlement une activité génératrice de revenus : petit commerce, micro entreprise, entreprenariat, vente de la glace, menus travaux, taxi moto, taxi inter urbain, etc.
D’autres peuvent compter sur leur conjoint (e) qui travaille dans le privé ou dans la Fonction Publique. Sans oublier que la solidarité familiale est tout aussi agissante : enfants, frères, parfois papa, maman encore actifs parent proche ou amis solides, tous œuvrent inlassablement pour soulager le quotidien de leurs proches affectées. Ces derniers vivent parfois à Conakry ou à l’extérieur de la Guinée.
Mais il y aussi les moins chanceux. Ceux qui n’ont aucun moyen de s’en sortir et qui vivent la situation avec résignation. Ils n’ont pas d’autres choix que de mendier de porte à porte pour pouvoir manger. Rester deux, voire trois jours sans manger. Ils y sont habitués et chaque don de riz est pour eux une bouffée d’oxygène salutaire. La plupart ont vendu leurs biens mobiliers et immobiliers pour joindre les deux bouts. Des opportunistes seraient même sur les dents et à l’affût. Ils exploitent la faiblesse des gens pour leur faire brader terrains, postes téléviseurs, voitures, bijoux, ordinateurs, etc. Tout y passe à des prix cassés. On a vu un téléviseur plasma (acheté quelques mois plus tôt à plus de 4 millions) bradé à seulement 700 000 ! Quelle situation désolante !
Se sentant abandonnés voyant leur dignité mise à mal, un groupe de travailleurs a décidé de réagir et de quelle façon ! Sur les ondes de la VDF, ils dénoncent les intrigues de clans mafieux qui profitent des dons faits aux travailleurs. Selon eux, ces personnes mal intentionnées n’ont aucun intérêt à ce que le travail reprenne car elles s’en mettent plein les poches. Ils invitent leurs collègues à ne plus accepter de dons et exigent des autorités le redémarrage de l’usine et le versement des arriérés de salaires. Ils appellent aussi les postés à cesser le travail immédiatement et arrêter la fourniture de courant et d’eau à la ville. Leur ultimatum s’adresse aussi au Gouvernement pour trouver une solution dans les trois jours.
C’est la seule condition, selon eux, qui peut pousser les autorités à agir efficacement en faveur de la reprise du travail et du paiement des salaires.