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Fria a retrouvé le calme et tout parait revenu à la normale. Mais, comme annoncé dans le premier article relatif à la révolte, si le bilan humain se limite au seul adolescent tué par la Police Communale, le bilan matériel, lui, ne sera presque jamais chiffré au vu des dégâts. Le bâtiment qui abrite les bureaux du Maire et de son secrétariat est intact mais tout a été pillé à l’intérieur. Ordinateur, archives, pièces de l’Etat-civil, etc., il ne reste absolument rien. Le second bâtiment n’a eu ‘‘qu’une vitre brisée’’. On peut le dire ainsi car il a fallu quelques-uns des meneurs demandent aux autres d’épargner le bâtiment qui est ‘‘l’œuvre de feu El Hadj DIALLO Syli’’. Nul doute que s’il était vivant, cette révolte n’aurait probablement pas eu lieu. Ses successeurs ont du mal à marcher sur ses pas.
Hormis la Prison Civile (avec plus de trente prisonniers dans la nature) et les domiciles (du conseiller en charge de la Police communale et d’un gendarme instructeur qui a pris part à la formation des policiers) qui ont été complètement saccagés, les locaux de la Gendarmerie et de la Police des mœurs ont non seulement été pillés mais aussi brûlés. Ainsi que tous les services préfectoraux qui partageaient le même bâtiment. Ce sont la Direction préfectorale des Mines avec toutes ses archives, la Direction Préfectorale des Eaux et Forêts, la Commission Electorale Préfectorale Indépendante avec tous les kits d’enrôlement des citoyens, le Conseil Préfectoral des Organisations de la Société Civile. Tout y a été pillé et incendié. A cela, il faut ajouter la dotation vivrière des gendarmes, du mobilier, de nombreux effets personnels et des congélateurs amenés par des femmes car il y avait du courant là.
Si les gendarmes venus en renfort de Boké et de Conakry ont pu ramener le calme, la balle se trouve maintenant dans le camp des politiques. Il leur appartiendra de faire toute la lumière sur ce qui s’est passé, de situer les responsabilités du côté de la Police Communale comme de celui des vandales, de les retrouver et de les déférer devant les tribunaux. Car il faut oser le dire : le manque de justice et l’impunité sont les premières causes de ces soulèvements où les populations veulent se faire justice elles-mêmes. On a entendu parler de la constitution d’une commission mixte d’enquête qui sera chargée de faire la lumière sur ce qui s’est passée. On peut se féliciter de cette première mais il ne faut se faire d’illusions que cela reste très peu probable. En attendant, les pessimistes disent que c’est de la poudre aux yeux plus destinée à apaiser qu’à faire un véritable travail d’enquête. Un point est quand même à mettre à l’actif des autorités : plus de 50 présumés casseurs ont été arrêtés et seraient détenus au Camp Militaire à la CD.
Mais on a frôlé le pire dans la soirée de jeudi lorsqu’un camion de gendarmes a fait un accident. En excès de vitesse, l’engin a évité un autre véhicule et s’est renversé dans la cour de la Maison de feu El Hadj Gaoussou KEITA. On n’a relevé que deux blessés légers parmi les gendarmes et un parmi les civils.
C’est dans ce contexte un peu particulier que le Ministre de l’Administration du Territoire est arrivé à Fria. Il devrait rencontrer les populations demain et faire des déclarations.