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Il s’appelle Jules Aly KOUNDOUNO et est médecin interne au CHU de DONKA à Conakry. Natif de Fria, il a contracté le virus Ebola comme beaucoup d’autres médecins et agents de santé. Admis au Centre de traitement de DONKA, il est sorti neuf jours plus tard complètement guéri.
De passage à Fria, nous l’avons rencontré. Véritable miraculé, il nous livre ici son histoire. . .
Pour ceux qui ne vous connaissent pas, vous êtes . . . ?
Jules Aly KOUNDOUNO : Je m’appelle Jules Aly KOUNDOUNO. Je suis interne généraliste au Service Maladies Infectieuses et Tropicales au CHU DONKA et je suis formateur au Centre de Formation anti-Ebola de l’Ecole Militaire de Manéah. Je suis aussi Secrétaire Général de l’Association des personnes guéries et affectées d’Ebola en Guinée.
Ebola justement ! Comment avez-vous su que vous étiez atteint du virus Ebola ?
Jules Aly KOUNDOUNO : J’étais de garde un soir et je venais de présenter une exposition. Puis, j’ai reçu un malade qui avait déjà été pris en charge mais qui ne faisait pas de fièvre. Environ 14 jours plus tard, j’ai commencé à développer des signes. Puisque je savais que le malade avait été testé positif à Ebola, je m’y attendais.
Aux premiers signes, je me suis aussitôt rendu au centre de prise en charge des malades d’Ebola.
Comment s’est passée la prise en charge dans ce centre ?
Jules Aly KOUNDOUNO : J’ai été admis au centre dans la nuit du 30 Septembre 2014. On m’a prélevé et le test s’est révélé positif. J’ai donc été conduit dans où étaient les personnes déjà confirmées.
En quoi consiste réellement le traitement dans ce centre ?
Jules Aly KOUNDOUNO : Il y a plusieurs traitements qui sont administrés aux malades : d’abord, un traitement présomptif, c’est-à-dire un traitement d’antibiotiques et d’anti-palu. Puis, il y a un autre traitement symptomatique : quand tu as la diarrhée, on te donne un anti-diarrhéique ; quand tu vomis, on te donne un anti-vomitif ; quand tu as la fièvre, on te donne un antipyrétique ; quand tu as des douleurs, on te donne un antalgique ; etc.
En plus des traitements, on donne des vitamines et la nourriture est bonne et très riche.
Vous êtes restés là combien de jours ?
Jules Aly KOUNDOUNO : J’y suis resté pendant 8 jours et on m’a libéré le 9ème jour.
Comment avez-vous accueilli la nouvelle de votre guérison ?
Jules Aly KOUNDOUNO : Vous ne pouvez pas imaginer la joie que j’ai ressenti quand on m’a testé, puis annoncé que j’étais guéri et négatif. Je voulais même rester avec les amis pour les soutenir. Mais comme cela n’est pas recommandé, j’ai dû les quitter pour entrer à la maison.
Justement, en parlant de guérison, n’avez- vous pas été victime de stigmatisation de la part de ceux qui ne croient pas à la maladie ou bien encore ceux qui en ont trop peur par ignorance ?
Jules Aly KOUNDOUNO : Pour moi, l’essentiel était de guérir. Vous savez que vaincre la mort rend fort. Plus fort que la stigmatisation.
En quoi votre expérience de malade guéri d’Ebola peut-elle servir à la riposte contre cette maladie ?
Jules Aly KOUNDOUNO : D’abord par les témoignages que je peux rendre. Beaucoup de personnes ne croient toujours pas à cette maladie, alors de voir quelqu’un qui parle de la maladie, de sa maladie et comment s’en prémunir ou à défaut, comment s’en sortir, peut contribuer à la riposte contre Ebola.
Je donne également des cours au centre de formation anti-Ebola de Manéah. C’est là que les médecins, le personnel de santé et les hygiénistes viennent se former. On leur apprend entre autres la structure d’un centre de traitement, la façon de s’habiller, comment prendre en charge un malade, comment assurer et maintenir la propreté d’un centre, etc.
Vous êtes natifs de Fria. Comment avez-vous ressenti la nouvelle du 1er cas d’Ebola dans la cité de l’alumine ?
Jules Aly KOUNDOUNO : Triste nouvelle. Mais Dieu merci, pour l’instant on est satisfait de savoir que la riposte a été très efficace. La DPS et les autorités ont accompli un bon travail. Les autres devraient s’inspirer de leur exemple. Je salue également la mise en place du barrage sanitaire à la rentrée de la ville. Je profite de ma présence ici pour assister aux réunions du comité de veille et apporter mon ‘‘grain de sel’’ à la lutte contre Ebola à Fria.